18 septembre 1949 – La Liberté du Massif Central

La Une – Collection Le Centre de la Presse.

« C’est à 9h10 (heure locale) que les membres du Tribunal du peuple qui vont instruire le procès de Rajk et des ses co-inculpés, accusés de complot contre la sûreté de l’État, d’espionnage et de trahison, font leur entrée dans la salle des fêtes du syndicat des ouvriers métallurgistes, transformée en tribunal et brillamment illuminée.
La salle est partagée en deux parties à peu près égales, séparées par un cordon rouge.
D’une part le prétoire, de l’autre la partie réservée au public.
[…] À 9h05, les huit inculpés font leur entrée en file, séparés l’un de l’autre, par des agents de police en armes » […]

La Liberté du Massif Central nous rend compte là d’un procès bien éloigné des monts d’Auvergne. De quoi est-il question ? En Hongrie, László Rajk (1909-1949), homme politique communiste, est arrêté au mois de mai 1949. En septembre, il comparaît devant « la justice ». On l’accuse, entre autres, d’être un espion à la solde de Tito, d’être au service des Américains ou encore de vouloir restaurer le capitalisme.
Avant son procès, on lui promet l’acquittement en cas d’aveux, ce qu’il accepte. Mais finalement, il s’agit d’un coup monté, il est condamné à mort à l’issue du procès et pendu le 15 octobre suivant… Malgré sa réelle innocence. C’est une victime de plus des purges staliniennes, orchestrées en Hongrie par Mátyás Rákosi (1892-1971), secrétaire général du Parti des travailleurs hongrois et dirigeant du pays. Les (faux) aveux de Rajk sont énumérés dans le compte rendu que nous donne La Liberté du Massif Central à la Une et en page cinq.

Ce journal a été fondé cinq ans plus tôt par un groupe de résistants. « Grand quotidien républicain régional« , il propose dix éditions réparties sur toute l’Auvergne, du Puy-de-Dôme à la Lozère en passant par le Lot et l’Aveyron.
Dans ses dernières années, le quotidien alors propriété du groupe Amaury, connaît des difficultés. Il finit par restreindre son territoire au Puy-de-Dôme et réduit sa pagination et son format qui devient tabloïd. Malheureusement, cela ne suffit pas et La Liberté s’arrête en 1965.

Le Centre de la Presse possède plus de 1.800 exemplaires de ce titre dont le premier numéro.

Valentin Chaput