Bon anniversaire ! Le Monde libertaire a 70 ans et il n’est pas en retraite. Tout va bien pour lui. C’est l’organe vivant de la Fédération anarchiste. Cet actuel mensuel « sans dieu ni maître« , autrefois hebdo, est né en 1954, il est l’héritier du Libertaire créée en 1858 à New-York par l’exilé Joseph Déjacques (1821-1865), et relancé en 1895 par Sébastien Faure (1858-1942) et Louise Michel (1830-1905). Le Libertaire s’arrête en 1956 après des années fastes et le soutien de nombreuses personnalités comme Georges Brassens, Léo Ferré, André Breton ou Albert Camus ; il reprendra quelque temps dans les années 70. Le Monde libertaire se définit ainsi : « Depuis 1954, Le Monde libertaire offre aux anarchistes, fédérés ou non, un espace d’informations, d’expressions et de débats. Et tout cela avec une (petite) équipe entièrement bénévole, (beaucoup) de contributions amies, (énormément) de passion, (encore plus) de discussions et de nuits blanches…Le fonctionnement est évidemment totalement horizontal : les décisions sont prises en commun, au consensus, les tâches sont partagées et interchangées, tout autant que les fous-rires et les coups de bourre. »
Contrairement à ce que certains pourraient imaginer, Le Monde libertaire n’est pas dans la galaxie des journaux du quotidien Le Monde. Il est par contre et depuis déjà dix ans dans la blogosphère Médiapart. De quoi est-il question à la Une du numéro du 17 septembre 1981 présenté aujourd’hui ? Le Monde libertaire fait un premier bilan des quatre premiers mois de pouvoir socialiste constitué à la suite à la victoire du 10 mai 1981 de François Mitterrand et des élections législatives qui ont suivi. On avait parlé à l’époque de « vague rose ». C’était le temps où la gauche et le PS en particulier, vont être ultra majoritaires à l’Assemblée nationale. Le journal, dans un long papier qui se prolonge en dernière page, parle d’une « opération juin 36 au rabais« , « en vérité, nous sommes toujours sous un même régime vu sous un autre angle« , « nous savons bien, nous anarchistes, que la « France socialiste » n’est qu’un épisode de contradictions du système capitaliste ; nous ne sommes pas sûrs que cette séquence fera avancer les travailleurs dans la voie de leur libération. Ce dont nous sommes sûrs c’est que manipuler les techniques du capitalisme en laissant en place les différences nées du profit ne peut que le renforcer en gommant ses excès. » Voilà qui est dit.
P.R.