8 septembre 2021 – Le Un

La Une – Collection Le Centre de la Presse

Bon anniversaire ! Vous n’avez pas été invité, mais Le Un (ou Le 1) a fêté ses 10 ans d’existence en avril dernier. Comme cadeau 2024, un nouvel actionnaire à 40 % : François Pinault (parmi les six premières fortunes de France) via la holding Artémis (propriétaire des magazines Le Point et Point de Vue). C’est en effet dix ans plus tôt en 2014 que ce périodique est  lancé par quatre créateurs : Éric Fottorino (écrivain, journaliste, directeur du Monde entre 2007 et 2011, fondateur d’autres revues comme America en 2017 ou Zadig en 2019) ; Natalie Thiriez (directrice artistique) ; Henry Hermand (1924-2016 – ancien résistant, dirigeant d’entreprises dans l’immobilier commercial) et Laurent Greilsamer (1953-2023 – journaliste, ancien directeur-adjoint du Monde).

Le Un est original par sa forme et par son fond. Pour sa forme.  Il s’agit à la base d’une grande feuille d’imprimerie (format A1 environ) dont le savant pliage permet divers niveaux de lecture. Écoutez ce qu’en dit Éric Fottorino lui-même :« Le premier format, tout plié (format A4), invite à une approche sensible, émotionnelle, littéraire du sujet. En effectuant un premier dépliage (format tabloïd), vous accédez à un second univers  : celui de l’analyse et de l’expertise, avec aussi de la philosophie. Lorsque vous le dépliez complètement (format carte routière), c’est l’invitation au voyage, à un ailleurs où l’imagination et le rationnel se réunissent. D’ailleurs, le journal a notamment été appelé ainsi parce que le chiffre 1 représente l’unité du savoir, à la fois le rationnel et le sensible»Sur le fond, Le Un traite d’un seul sujet par numéro en s’appuyant sur diverses signatures et points de vue. On ne trouve pas de publicité dans ce magazine . Sa diffusion avoisine les 30.000 exemplaires, en France, mais également à l’étranger, tout particulièrement dans les pays francophones.
C’est à une autre fortune de France que s’intéresse Le Un dans le numéro présenté ici et maintenant : Vincent Bolloré et sa galaxie médiatique. Un numéro paru quelques mois avant l’élection présidentielle de 2022. Éric Fottorino précise dans son éditorial : « À huit mois de l’élection présidentielle, nous avons jugé important de saisir les raisons pour lesquelles il [Vincent Bolloré] s’attache à acquérir des médias et à refaçonner leur ligne éditoriale selon son idéologie et ses intérêts. Si les succès d’audience sont parfois au rendez-vous sur les chaînes CNews et Canal +, sa vision du journalisme et de la liberté d’expression ne peuvent qu’inquiéter. » Ce numéro a été élaboré (sans jeu de mot) avec le site Les Jours.fr et en particulier avec les journalistes Isabelle Roberts et Raphaël Gallicos dont leur reportage recouvre, tel un poster, tout le verso de la feuille d’impression. Un reportage remarquable qui montre la totale mainmise de Vincent Bolloré dans les nombreux médias qu’il contrôle, les licenciements de celles et ceux qui ne veulent pas marcher droit ; l’extrême droitisation des idées répandues dans les divers médias, avec des collaborateurs très médiatisés comme Eric Zemmour ou Pascal Praud qui répandent sans frein leurs thèses extrémistes ou leur discours de café du commerce. L’enquête se termine par ces mots : « Vincent a bâti en six ans et en pleine lumière un empire médiatique à coups de menton, jouant des coudes et des épaules, rudoyant, menaçant, écrasant. Il a érigé son business en idéologie et il fait désormais de son idéologie un business. « D’autres personnes participent à ce numéro, ils nous donnent à leur manière leurs analyses ou leurs vécus : Julien Bisson, Aléxis Lévrier, François Jost, Maxence Collin, Antoine Genton, etc.
Ce numéro date de trois ans. Depuis la situation a évolué dans un sens ou dans un autre : Eric Zemmour est devenu candidat à la présidence de la République (7,07% des voix), Cyril Hanouna a durant les élections législatives récentes investi Europe 1 pour déverser sur les ondes son discours rance, C8 sera supprimée en 2025 de l’offre TNT. Mais sans doute que Bolloré n’a pas dit son dernier mot.
Rappelons que le groupe Bolloré est propriétaire directement ou indirectement des chaînes Canal +CNewsC8, de la radio Europe 1, des périodiques GalaCapital, Voici, etc.,  du groupe Havas (via Vivendi), etc…

Le Centre de la Presse possède plus de 130 exemplaires de ce titre, dont le N°1, daté du 9 avril 2014, et dont plusieurs hors-séries au format XL.

P. R