Le dimanche 23 avril, c’est la Journée du Livre. À cette occasion, plongez dans les archives du Centre de la Presse, où se mêlent journalisme et littérature.
Le journalisme, c’est de la littérature ?
Dans un sens oui, car à l’origine, le journalisme prend ses sources dans la presse écrite et raconte ce qui se passe aux alentours. Et le journalisme littéraire existe ! Ce genre d’écriture utilise des techniques littéraires pour reporter des faits mais pas seulement : il se décline pour prendre la forme d’une biographie, d’un journal intime, d’une chronique… Là aussi, l’objectif est de communiquer des informations mais de façon à ce qu’elles soient lues comme une fiction.
Dans les années 1970, le mouvement du “Nouveau Journalisme” reprend ces techniques littéraires pour se rapprocher de la littérature, sans pour autant lever le pied sur la précision des faits racontés.
On attribue cette appellation au journaliste américain Tom Wolfe (1930 – 2018), qui définit ce style comme de « l’investigation artistique » : « Investigation is an art, let’s just be kind of artists ».
D’ailleurs, pour le reconnaître, il y a quatre caractéristiques empruntées directement de la fiction comme : préférer autant que possible la mise en scène à la narration historique ; transcrire les dialogues forme de conversation plutôt que de citations ; adopter la première personne comme le point de vue d’un personnage et enfin utiliser les détails quotidiens pour améliorer la description
Le journalisme et la littérature, une longue histoire d’amour
Si on me dit “journalisme dans la littérature”, je pense directement à Bel-Ami de Maupassant ou bien Eugène de Rastignac [La Comédie Humaine de Balzac]. Dans ces romans, on raconte l’histoire de deux personnages en quête d’ambition qui trouvent le succès grâce au journalisme. Et qui ont plusieurs points en commun : au début de l’histoire, ils ont tous les deux la vingtaine et utilisent la séduction et l’argent pour arriver à gravir les échelons de la société parisienne. Ces romans d’apprentissage montrent aussi le cheminement du personnage principal à travers des événements historiques…
Les points communs de la presse et du livre
Comme la littérature, la presse s’imprime et est diffusée à grande échelle (notamment grâce à l’essor du chemin de fer). Mais en 1836, le journaliste Émile de Girardin (1802-1881), divise de moitié le prix d’abonnement de son quotidien, La Presse [en faisant appel à la publicité ] et développe le concept du roman-feuilleton pour fidéliser son lectorat en faisant appel à des noms prestigieux de la littérature française comme Honoré de Balzac, Alexandre Dumas ou encore George Sand.
Face à ce succès, la littérature bénéficie grandement du développement de la grande presse et de la librairie.
Sans oublier que les « feuilletons » étaient aussi édités en plusieurs volumes, offerts en exclusivité aux abonnés.
L’autre raison du développement de la littérature dans la presse est lié au régime juridique répressif de l’époque qui, sauf en 1848 et pendant la Commune, limite ses libertés surtout le traitement médiatique de la politique.
Cette censure, instaurée dès 1835 et renforcée en 1852, verra émerger des magazines illustrés, souvent appelés les « petits journaux » littéraires et (très souvent) satiriques. Le Petit Journal pour rire en est le parfait exemple et tire ses origines de journaux comme La Caricature et Le Charivari. En pages intérieures, on y trouve un résumé de la vie parisienne et une satire de l’époque grâce à des textes parodiques et des caricatures illustrées.
Et maintenant ?
La presse web est l’évolution technologique de la presse écrite (pour le meilleur et pour le pire). Son émergence met en lumière le mode de communication littéraire développé avec les « petits journaux ». Aujourd’hui, même si la presse et la littérature ne sont pas toujours identiques, elles amènent une certaine conception de l’actualité et se différencient d’un mode médiatique secoué par les dérives…
Élisa Humann