Deux annonces récentes nous interpellent vivement sur l’avenir du métier de journaliste.
La première information est venue d’Allemagne où le groupe de presse Springer a annoncé au début du mois de mars qu’il allait supprimer des postes en raison de la prise en charge de nombreuses tâches par l’intelligence artificielle.
La deuxième information s’appelle le logiciel ChatGPT. Celui-ci est dit-on capable d’écrire une dissertation, une lettre, un article de presse qu’il s’agisse d’une brève ou d’un reportage quel qu’en soit son nombre de signes.
La brève robotisée
L’initiative du groupe Springer n’est pas totalement nouvelle, des usages de logiciels d’automatisation d’écriture pour rédiger des brèves d’informations pratiques ont déjà été utilisés dans certains journaux des Etats-Unis depuis plusieurs années. C’est ainsi qu’on peut écrire des brèves répondant à peu près à toutes les questions pratiques sans aucune intervention d’une équipe rédactionnelle. Il suffit à une association, une collectivité locale ou une personne privée d’introduire les données qui seront alors mises en forme pour produire une brève d’information. C’est une technologie qui va accentuer, si elle est adoptée, la suppression des correspondants de presse mais aussi de toute l’interface d’une rédaction, notamment dans la catégorie des secrétaires de rédactions qui travaillent à la rédaction et à la mise en forme de toutes les informations pratiques et informations de service.
L’info discount
L’arrivée de ChatGPT dessine, si on n’y prend garde, une révolution possible, le remplacement du rédacteur par la machine capable de rédiger une soft production, mais capable de générer un contenu sans journaliste, ou avec seulement quelques journalistes pour assurer le contrôle final. Mais c’est annoncer des effectifs de rédaction qui auront alors fondu pour être réduits à presque rien. Alors on nous dit que ChaGPT pourra produire une synthèse basique sans originalité, sans émotion, sans affect et que par conséquences les rédactions ne sont pas en danger. Mais quel groupe de presse qui cherche d’abord la rentabilité attend de ses journalistes de l’originalité, de l’émotion, de l’affect ? On peut craindre qu’il y ait de plus en plus les produits d’information discount comme il y a les produits alimentaires discount. Alors si vous voulez demain un journal avec des reportages, des articles, des analyses rédigées par de vrais journalistes, ça coutera plus cher, il faudra y mettre le prix, ce qui ne sera pas la priorité des grands marchands d’information. Donc pour eux l’Intelligence artificielle peut apparaître comme une aubaine.
Un horizon côté pile
Il pourrait bien y avoir un côté pile après le côté face que je viens d’évoquer. Ce serait de libérer les journalistes des tâches fastidieuses de l’information pratique, des informations services pour qu’ils se consacrent à la valeur ajoutée du média ; reportages, enquêtes, analyses, mises en perspectives, investigation. En outre l’Intelligence Artificielle dit-on aurait la capacité de détecter les fausses nouvelles ou au moins de pointer les fausses nouvelles supposées pour alerter. Dans le cas de ce côté pile l’Intelligence Artificielle serait un outil bienvenu dans les rédactions.
Mais attention à ne pas faire tomber la pièce côté face….
Bernard Stéphan