C’est à Dole dans le Jura que Louis Pasteur est né, il y a tout juste 200 ans, le 27 décembre 1822.
Si de nos jours nous retenons surtout sa découverte du vaccin contre la rage, Pasteur fut avant tout un scientifique prolifique.
Pasteur mène également des travaux sur la fermentation qui inspirent le chirurgien anglais Joseph Lister. Ce dernier conclut que l’apparition de pus dans les plaies des opérés ne fait pas partie du processus normal de cicatrisation mais indique plutôt une mortification des tissus. Lister va employer alors du Phénol, produit intéressant, pas totalement satisfaisant, mais qui ouvre la voie à l’utilisation des antiseptiques. Mais l’antisepsie ne suffit pas à Pasteur qui prône l’asepsie. Il ne s’agit plus d’opérer en espérant que le patient n’attrape pas la gangrène, mais de prévenir la contamination. Il recommande l’utilisation de matériels et de linges propres et la désinfection des mains. Bien que ces nouvelles pratiques rencontrèrent quelques résistances du corps médical, le corps des malades s’en trouva satisfait… elles sont aujourd’hui les bases de la médecine moderne.
En octobre 1868, Pasteur est victime d’un AVC qui le paralyse du côté gauche. Mais cela ne l’empêche pas, fin des années 1870, de commencer ses travaux sur la vaccination. Poules, cochons, moutons, etc., il étudie les maladies des animaux d’élevage et développe des vaccins pour les prévenir.
C’est en 1881 qu’il commence ses publications sur la rage. Les expérimentations sur l’homme ne commencent qu’en 1885. En juillet, un alsacien de neuf ans, Joseph Meister1, mordu quatorze fois par un chien, reçoit treize inoculations réparties sur dix jours, d’une « suspension d’un broyat de moelle de lapin mort de la rage le 21 juin et conservée depuis 15 jours ». Il ne développera jamais la maladie. C’est le premier vacciné officiel contre la rage. Le second, le jeune berger Jean-Baptiste Jupille est vacciné par le docteur Joseph Grancher. Il fait la Une de L’Illustration. En 1888, il devient garçon de laboratoire à l’Institut Pasteur. Il aura même sa statue fin des années 1880 dans le jardin de la rue Dutot à Paris.
On peut lire dans Le Journal des Débats du 28 octobre 1885 : « Un des plus grands fléaux de l’humanité vient d’être vaincu. La rage, cette maladie terrible qui ne pardonne jamais, va devenir inoffensive. On peut affirmer que désormais on pourra sauver d’une mort certaine toute personne mordue par un animal enragé. Le 26 octobre restera une date mémorable dans l’histoire de la science. […] C’est une des plus belles découvertes dont puisse s’enorgueillir l’esprit humain. »
Pour Le Petit Parisien, « La disparition de l’illustre savant constitue un deuil auquel s’associera le monde civilisé tout entier. Nul homme n’a contribué plus que M. Pasteur à féconder la science, et ses découvertes présentent cette merveilleuse particularité qu’après avoir déjà produit leurs fruits dans le passé et dans le présent, elles ont éclairé à tout jamais pour l’avenir la route du progrès. Les savants, en recevant de M. Pasteur sa méthode sûre et son principe certain, ont vu s’ouvrir devant eux un horizon qu’ils atteindront peu à peu, en semant à chaque pas quelque adoucissement aux maux de la grande famille humaine. ».
On lit dans le premier papier de la Une du Figaro : « En apprenant la douloureuse nouvelle de la mort de M. Pasteur, nous avons demandé une étude rapide de ce grand savant au savant qui le connaissait et l’affectionnait le mieux, et voici les lignes éloquentes que M. [Marcellin] Berthelot, l’éminent secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, a bien voulu nous donner. » Extraits : « […] En ce qui touche Pasteur, cette histoire est surtout remarquable à cause du développement graduel et de l’enchaînement logique de ses travaux. Parti d’études étroites et spéciales, il s’est élevé à des vues de plus en plus générales, pour arriver à embrasser les problèmes pratiques les plus vastes qui puissent intéresser la race humaine. Voilà ce que je vais essayer de raconter je veux exposer comment l’étude des corps cristallisés conduisit Pasteur à la découverte de la dissymétrie moléculaire, comment l’existence de celle-ci dans les produits fabriqués par des êtres vivants le mena à l’étude des fermentations, et cette dernière tout d’abord à l’éternel problème de la génération spontanée, c’est-à-dire de l’origine de la vie ; comment les méthodes rigoureuses et nouvelles qu’il institua pour traiter ce problème furent aussitôt transportées par lui dans l’étude des maladies des vins et de la bière et des décompositions organiques. C’est ainsi que, le champ de ses recherches s’élargissant avec sa pensée, il passa des fermentations aux maladies, d’abord aux maladies des animaux, puis à celles de l’homme, et fut conduit à faire jouer aux êtres microscopiques un rôle qui a révolutionné à la fois la chirurgie, l’hygiène et la médecine. […]».
Valentin Chaput
1 – Joseph Meister deviendra plus tard, en 1918, le gardien de l’Institut Pasteur. Mais le 24 juin 1940, il met fin à ses jours : il n’a pas supporté la présence des Allemands à Paris et la mort de sa femme et ses enfants dans des bombardements, alors qu’il leur avait demandé de se mettre à l’abri loin de la capitale. En réalité, ce n’était qu’une rumeur, sa famille n’a pas été victime de bombardements. Une fin d’histoire bien triste.