Le Berry républicain a fait paraître il y a quelques jours un hors-série, dédié aux produits et
aux savoir-faire régionaux de la table berrichonne : « Le Berry à croquer ».
Région où l’on sait qu’il fait déjà bon vivre, notre territoire est en effet mis en valeur par
des spécialités que de nombreux passionnés de la tradition déclinent au goût du jour. Ce
magazine se présente comme une délicieuse anthologie des cartes de nos restaurants : après avoir
entamé les entrées, nous glissons naturellement vers les plats, qui nous conduisent inévitablement
aux fromages et aux desserts… Et les boissons, dans tout ça, me direz-vous ? Elles y figurent
aussi, à la fin, telle une carte annexe vouée à couronner les divers mets !
Selon nos appétences, le Berry évoque à beaucoup d’entre nous le pâté « aux patates »
comme celui « à l’œu », les œufs « couille-d’âne », la lentille verte, sans oublier un certain crottin
de Chavignol arrosé d’un petit Sancerre. Ce numéro nous conte alors l’histoire, tantôt
pluriséculaire, tantôt encore verte, de tels produits…
Saviez-vous que la lentille, justement verte, ne fut apportée en nos terres que lors des
années 1950 ? Et connaissiez-vous le caviar de Sologne, insigne singularité de notre territoire, qui
figure aux meilleures tables de ce monde ? Plus encore, le Berry, terre de vins, peut aussi se vanter
de voir aujourd’hui fleurir bières et whiskys artisanaux !
Au fil des pages, on part ainsi à la rencontre des producteurs, des transformateurs, des
restaurateurs qui nous confient leurs secrets, animés par une passion ardente et manifeste envers
la gastronomie locale. Les amateurs de recettes – sans que la revue ne se résume à un livre de
cuisine – pourront y trouver leur compte !
On peut noter cependant que la démarche du magazine est de mettre en lumière des
acteurs et des marques particulières, certes aux mérites remarquables, au risque cependant
d’occulter du même coup le travail de leurs paires. Ne pouvait-on pas plutôt partir d’un produit
emblématique ou nouveau, et de présenter un panel d’adresses qui le déclinent, de manières aussi
différentes que complémentaires ? C’est que la profusion de petits commerçants de bouche
berrichons aurait tendance à faire déborder chaque page ! Ce hors-série l’annonce lui-même : il ne
prétend pas « à l’exhaustivité ». On a toujours tendance à avoir les yeux plus gros que le ventre…
hélas !
Mais rassurez-vous : vous sortez de la lecture de ce numéro comme d’une flânerie qui ne
pourra que vous mettre l’eau à la bouche. Belle démonstration, s’il le fallait encore, que le
patrimoine culinaire berrichon détient de ravissantes lettres de noblesse : sieur Honoré de Balzac
avait trouvé sa madeleine de Proust dans le massepain d’Issoudun, et l’on sentirait presque encore
au creux du magazine l’odeur des confitures de George Sand mijotant lentement au coin du feu.
Mais pour vous, quelle saveur résume au mieux votre Berry ?
Henry Hautavoine
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